Il y a 25 ans, je passais le concours d’entrée du Conservatoire Régional de Lyon dans l’espoir d’intégrer la classe de chant, discipline sacrée pour moi.
Il y a 25 ans j’avais la surprise et le grand bonheur d’être sélectionnée (ainsi que 6 autres) parmi une centaine de candidats.
Il y a 25 ans mon parcours de chanteuse lyrique débutait.

D’abord élève : technique vocale, harmonie, commentaire d’écoute, étude d’un instrument (piano), histoire de la musique etc… Enfin toutes les matières que les élèves musiciens apprennent dans un conservatoire de musique.

Puis le concours de sortie. Nous avons eu l’audace (mon professeur pour le choix du morceau et moi de l’avoir accepté) de présenter, entre autres, le grand air de Traviata (È strano). Je ne me rendais pas compte à l’époque de ce qu’une jeune chanteuse a « le droit » de chanter et je ris rétrospectivement de ma candeur. Mais mon professeur avait eu raison et, ayant relevé ce défi, j’ai obtenu la médaille d’or à l’unanimité !
Après un apprentissage très encadré, commença alors la « vraie » vie de soprano. Course aux auditions, les agents, l’apprentissage de partitions multiples et variées, les questions existentielles, les choix de répertoires… J’ai vite pensé que le plus dur dans tout ça n’était pas de chanter ni d’apprendre des kilomètres de musique mais plutôt de trouver sa place dans cet univers opératique… trouver sa voie. Savoir ce que nous voulons, ce que nous attendons de la vie et là où nous pourrons nous réaliser pleinement. Vaste sujet.
Mais la chose qui reste certaine et qui m’a animée sans cesse depuis 25 ans c’est l’exploration de mon potentiel vocal. La recherche de LA position vocale idéale et des synergies à mettre en place pour pouvoir utiliser cette voix au maximum de ses capacités. Que les prouesses techniques demandées par certaines partitions ne soient jamais un obstacle à leur exécution et que la voix soit uniquement au service de la musique, de l’expressivité, de l’émotion et de la beauté du son. Ressentir le plaisir unique de former une ligne mélodique et de la développer.
Mais cette recherche n’a pas de sens sans trouver/comprendre le pourquoi…
Durant ces 25 années, au milieu des aléas de ce monde de l’expression vocale de haut niveau, je me suis beaucoup interrogée : pourquoi montons-nous sur scène et pourquoi avons-nous passé tout ce temps à décortiquer et maitriser le fonctionnement de cet instrument invisible ? Dans quel but ?
Je dirais simplement, pour avoir les moyens de délivrer notre propre « message ».
Faire en sorte que grâce à cette maitrise de l’art du phrasé, de la mélodie, de l’expressivité, nos auditeurs nous écoutent et veuillent en entendre davantage. Que notre propre besoin de communiquer, de nous faire entendre, crée en retour chez nos auditeurs, le désir de nous écouter, de nous regarder, le besoin de partager encore plus avec nous.

J’aurais beaucoup à dire sur tout ce que veut dire « message » dans ce contexte. Sans doute pour commencer, transmettre le message de ce que l’on EST, mais en attendant le besoin de communiquer est certain.